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Voiture électrique ou thermique : laquelle pollue le plus ?

Si, sur la route, l’électrique pollue moins que la thermique, ce n’est pas toujours le cas quand on prend plus de recul.
Si l’on veut comparer l’impact écologique de la voiture électrique avec celui des thermiques, essence ou diesel, tous les experts l’affirment : il faut tenir compte de l’ensemble du cycle de vie, de la fabrication au recyclage. Et là, le gagnant n’est pas toujours celui attendu. Le Parisien fait le point.

La fabrication
A ce stade, la voiture électrique émet en moyenne 50 % de CO2 de plus qu’une voiture thermique. « Pour fabriquer la batterie qui l’alimente en électricité, explique Maxime Pasquier, chef adjoint du service transports et mobilité de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), il faut aller chercher les métaux parfois à l’autre bout du globe. » Cobalt, graphite, manganèse, lithium, nickel… leur extraction demande une quantité phénoménale d’énergie. Sans compter l’eau et des adjuvants chimiques, extrêmement nocifs pour l’environnement.



L’utilisation
Sur route, la voiture électrique l’emporte largement et « encore plus en France, affirme Maxime Pasquier, où la production d’électricité provient aux trois quarts du nucléaire », qui ne rejette pas de CO2. « En Chine, aux Etats-Unis, en Allemagne ou en Pologne, où l’électricité est en grande partie tirée du gaz, du pétrole ou du charbon, le bilan est moins positif », souligne José Baghdad, expert automobile chez PwC France.

A l’usage, le bilan de la voiture électrique est bien plus vertueux que celui des véhicules essence ou diesel. Mais il faut entre 30 000 et 40 000 km pour que le bilan carbone entre les deux s’équilibre. Sachant que les Français parcourent en moyenne 13 000 km par an, il faut donc jusqu’à trois ans pour qu’une électrique pollue moins qu’une thermique.

Mais le bilan de l’électrique va encore s’améliorer avec des véhicules capables d’aller bien au-delà de 150 000 km, le kilométrage moyen d’une thermique. De plus, « le bénéfice de l’électrique va s’accroître, estime José Baghdad. En amont, on aura moins recours au lithium, les énergies renouvelables seront plus utilisées et les réseaux intelligents permettront de modérer la consommation électrique. »

Le recyclage



La durée de vie moyenne d’une batterie électrique est de dix ans. Dans ce laps de temps, les batteries usagées, dans lesquelles on trouve des métaux toxiques, rares, précieux mais aussi des acides, pourraient dépasser les 100 000 tonnes par an. Et les quantités à recycler pourraient atteindre 700 000 tonnes en 2035 .

Attention donc à ne pas répéter l’erreur consistant en France à construire 58 réacteurs nucléaires sans prendre en compte ni le stockage ni le retraitement des déchets. Emmanuel Macron a promis le 13 février de débloquer 700 millions d’euros en cinq ans en faveur d’une filière franco-allemande de fabrication et de recyclage des batteries.

Déjà, dans ses deux usines du Rhône et de l’Aveyron, la SNAM, une des rares entreprises spécialisées, recycle chaque année 600 tonnes de batteries venues d’Europe et d’Asie. « Nous recyclons 70 % d’une batterie lithium-ion », assure Frédéric Salin, directeur commercial de la SNAM. Et 75 % des batteries rechargeables nickel-métal hydrure sont récupérés.

Le reste est « détruit, brûlé et à la fin il reste 2 % qui sont enfouis », admet Frédéric Salin, qui assure tout faire pour limiter la pollution. Pas encore rentable, faute de volumes, la filière devrait l’être demain avec la récupération des métaux précieux et les terres rares importées aujourd’hui de Chine.

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